Qu’est-ce qu’un équithérapeute ?

Equithérapeute en séance avec un enfant

Qui sont les équithérapeutes ?

Un équithérapeute est un professionnel qualifié pour exercer de façon autonome une action de soin psychique médiatisé par le cheval.

Derrière cette définition se cachent toutefois des profils et des parcours très divers.

Equithérapeute en séance avec un enfantLa grande majorité des équithérapeutes sont des professionnels médico-sociaux (éducateurs spécialisés, médecins, psychologues, infirmiers, assistants sociaux, psychomotriciens, orthophonistes, ergothérapeutes, moniteurs-éducateurs…), eux-mêmes cavaliers, et s’étant par la suite formés à l’équithérapie dans un parcours de formation continue relativement long (entre 400 et 600 heures sur 1 à 3 ans).

On trouve aussi des professionnels médico-sociaux ayant une bonne connaissance du cheval et qui ont appris à exercer l’équithérapie « sur le tas », souvent par le biais de stages, de rencontres, de formations courtes ou en commençant à exercer en binôme avec un moniteur d’équitation.

Il y a enfin des professionnels qui deviennent équithérapeutes de façon plus ou moins autodidacte : pour beaucoup se sont des moniteurs d’équitation qui, après avoir travaillé avec des groupes de cavaliers handicapés et au contact des professionnels des institutions spécialisées, acquièrent leur indépendance et s’inscrivent dans le champ de la thérapie.

Notre propos n’est pas de créditer ou discréditer une catégorie de professionnels plutôt qu’une autre, toutefois nous devons reconnaître que cette disparité de parcours pose la question de la certification (les compétences de tous les professionnels ne sont pas attestées à travers un diplôme ou un certificat) et donc des garanties offertes au public (peut-on garantir la qualité des soins lorsqu’on ne peut pas justifier de ses compétences ?).
D’autre part, même si nous soutenons l’idée que les professionnels ayant réalisé une formation longue et ayant validé un diplôme en équithérapie sont ceux qui présentent les meilleures garanties, nous devons aussi reconnaître que le fait de posséder un diplôme n’empêche pas à lui seul de possibles dérives, et que les professionnels n’ayant pas réalisé de formation longue sont parfois aussi compétents que ceux ayant réalisé le parcours classique.

Compétences

Les compétences attendues d’un équithérapeute concernent à la fois la santé humaine, le cheval, et l’équithérapie à proprement parler. Sur la base de connaissances et d’une culture propres au métier, un équithérapeute est en mesure de concevoir, réaliser, et évaluer une action d’équithérapie.

L’équithérapeute ne limite donc pas son action à la seule réalisation de séances d’équthérapie. Maîtriser des techniques de prise en charge (techniques psychothérapeutiques, corporelles, de communication, de motricité…) est certes un besoin important puisqu’il s’agit de la partie des prestations qui est recherchée par le public, mais cette partie n’aurait pas de sens si elle ne reposait pas sur une démarche de construction raisonnée des séances, et si elle ne débouchait pas sur une évaluation du travail réalisé.

Rappelons que l’équithérapie n’est jamais une prise en charge « clés en main » : pour chaque demande formulée par un patient, l’équithérapeute propose une prise en charge originale. Chaque individu est différent, chaque demande est différente, aussi les objectifs de prise en charge sont différents pour chaque patient et les moyens mis en œuvre pour y parvenir sont individualisés.

C’est donc aussi par cet engagement éthique et déontologique, qui consiste à respecter la singularité de chaque patient et à lui offrir la meilleure qualité de service possible, que se distingue la compétence d’un équithérapeute.

Cadre légal

L’équithérapie appartient à la vaste catégorie des soins en dehors des cadres réglementés.

Cela signifie que l’équithérapie peut s’exercer de façon libre, en toute légalité, mais sans repères officiels (formation, salaire, qualifications, tarifs…).

L’inconvénient principal de cette situation reste qu’aucun texte ne peut empêcher quiconque de se prétendre équithérapeute ou d’exercer l’équithérapie. Pour autant, l’équithérapeute reste soumis à la loi commune, et les professionnels les moins recommandables restent sous le coup de l’exercice illégal de la médecine, de l’abus de faiblesse, de l’escroquerie ou de l’usurpation.

Métier ou spécialité ?

Plusieurs de nos organismes représentatifs veulent défendre l’équithérapie comme étant soit un métier, soit une spécialisation. Ce débat peut dérouter le public, toutefois il reste légitime dans la mesure où :

  • il est tout à fait possible de considérer que l’équithérapie est un métier à part entière, puisqu’il peut s’exercer à temps complet et qu’il nécessite des compétences spécifiques ;
  • on peut aussi considérer que l’équithérapie est une spécialité, puisque tous les organismes de formation sérieux ont des prérequis de formation initiale ou d’expérience et que la plupart des équithérapeutes ont plusieurs casquettes (psychologue-équithérapeute par exemple).

Une équithérapeute en activité de motricité fineCe débat a toutefois des conséquences importantes.
Les tenants de l’approche métier exclusive en arrivent à proposer des formations d’équithérapeute qui laissent entendre qu’il sera bientôt possible de former un thérapeute à partir de rien en seulement quelques semaines, ou à inventer de nouvelles appellations pour réinventer de toutes pièces un métier qui existe depuis les années 70. Autrement dit : sont habilités à exercer le métier que nous réinventons seulement ceux qui remplissent les critères que nous créons en même temps, et peu importe si ces critères ne correspondent pas aux qualifications qu’on peut attendre d’un équithérapeute.
Les tenants de la spécialisation, au contraire, tendent à augmenter les prérequis (de diplôme, d’expérience, de niveau équestre…) et à faire reposer la qualification des équithérapeutes sur leur formation initiale, barrant toute possibilité d’évolution professionnelle et reniant l’utilité des formations de spécialisation : on ne peut exercer l’équithérapie que parce qu’on a d’abord un diplôme officiel de soignant, et on exercera toujours sur la base de ce métier initial. Si vous êtes éducateur spécialisé et équithérapeute, vous ne serez jamais légitime, même après 600 heures de formation, pour utiliser des techniques psychothérapeutiques en équithérapie.

Nous ne souhaitons pas trancher ce débat, car nous pensons qu’il n’est pas pertinent face à la situation légale de l’équithérapie. L’équithérapeute peut choisir d’exercer en tant qu’équithérapeute, mais il peut aussi préférer exercer d’après son métier initial. Ce choix est libre et a toujours été possible, et nous ne voyons pas l’utilité d’en faire un cheval de bataille.

Si nous voulons continuer à proposer des formations longues encore abordables, nous devons limiter leur durée à environ 600 heures. Ce volume de formation disponible implique d’avoir des prérequis qui nous permettent d’amener les futurs équithérapeutes vers le niveau de compétence qu’on peut attendre d’un jeune diplômé.
Pour autant, cela ne nous empêche en rien d’avancer dans une démarche métier : un métier peut tout à fait s’acquérir par spécialisation, et le fait d’avoir des prérequis pour les futurs équithérapeutes ne nous exonère pas de réaliser toutes les démarches qui permettront la création d’un métier reconnu officiellement – ce qui n’enlèvera à personne la possibilité d’exercer l’équithérapie d’après sa qualification initiale.

Formation et diplôme

Toutes les formations d’équithérapeute sérieuses ont des points communs quant à leur programme. Ils concernent :

  • la connaissance du cheval, et notamment l’étude de son comportement
  • la connaissance du public bénéficiaire, notamment des maladies ou handicaps mentaux, moteurs, ou sensoriels
  • les technicités propres à l’équithérapie

Les formations d’équithérapeute se réalisent habituellement en 500 à 700 heures, en formation continue, à des rythmes divers qui font varier leur durée de 12 à 36 mois.

Elles débouchent sur des diplômes privés, qui n’ont pas de valeur officielle mais qui valident le fait que l’équithérapeute a rempli toutes les conditions fixées par l’organisme de formation pour l’obtenir. Ces conditions sont variables d’une formation à l’autre (assiduité, examen écrit ou oral, examen pratique, rédaction de mémoire, évaluation d’écrits…).

Comment exercent-ils ?

Il y a 3 modes d’exercice principaux pour les équithérapeutes :

  • en indépendant, avec ses propres installations : l’équithérapeute exerce pour son compte, en libéral, en association, ou en société, directement avec ses propres chevaux et installations. C’est un mode d’exercice particulièrement confortable (liberté quant au choix des chevaux, à leur travail, à leurs conditions de vie, et aux horaires) mais qui peut aussi impliquer beaucoup d’investissements (financement initial, entretien des chevaux et infrastructures, contraintes liées au lieu).
  • en indépendant, en louant les installations en centre équestre : l’équithérapeute exerce pour son compte, en libéral, association ou société, et il loue les chevaux et infrastructures à l’heure au sein de centres équestres. Ce mode d’exercice a certaines contraintes (créneaux horaires imposés par le centre équestre, chevaux qui travaillent parfois beaucoup, conditions de partage des installation pas toujours évidentes) mais aussi des avantages (pas de chevaux ou d’infrastructures à entretenir en continu, charges proportionnelles aux recettes, possibilité d’accès à un large peloton de chevaux).
  • en salarié : les équithérapeutes salariés travaillent généralement au sein d’institutions médico-sociales, et leur temps de travail est habituellement partagé entre leur métier initial (infirmier, éducateur, psychologue…) et l’équithérapie (souvent sous forme d’ateliers au bénéfice du public accueilli sur la structure). Il existe des postes d’équithérapeute à temps complet, mais ils restent rares, bien que peu recherchés. De même, les centres équestres n’embauchent que très exceptionnellement des équithérapeutes, et presque uniquement des moniteurs d’équitation étant également équithérapeutes.

La majorité des équithérapeutes exerce l’équithérapie à temps partiel, en partageant ses semaines de travail entre l’équithérapie et le métier initial. Ce choix se justifie par l’équilibre qu’il procure : l’équithérapie est une activité certes passionnante, mais qui demande beaucoup d’attention, de disponibilité et d’énergie au thérapeute : il peut être difficile de multiplier les séances tout en offrant une qualité de travail constante.
Il reste pour autant tout à fait possible et courant de pratiquer l’équithérapie à temps plein, sous certaines conditions (notamment d’accès aux chevaux).

Ou les trouver ?

Pour trouver un équithérapeute, nous recommandons de passer par les réseaux, notamment ceux de la Société Française d’Equithérapie, de la Fédération Nationale des Thérapies Avec le Cheval, et de la Fédération Nationale Handicheval. Vous y trouverez des contacts dans toute la France, et l’appartenance à un réseau garantit une certaine qualification.

Le bouche à oreille est aussi une bonne façon pour trouver un équithérapeute, même s’il nous faut rappeler que le fait qu’un professionnel donne satisfaction à quelqu’un ne signifie pas nécessairement qu’il soit compétent.

Nous invitons à rester vigilent face aux professionnels trouvés via internet, les annuaires, les salons ou la presse locale. Ces moyens offrent peu de garanties de compétence.

Et nous recommandons la plus grande prudence face aux professionnels usant de publicité ou de démarchage actifs. L’éthique de l’équithérapeute autorise la communication, mais n’est pas compatible avec le fait d’inciter le public à faire appel à ses services.

Comment reconnaître un bon équithérapeute ?

C’est une question légitime que se posent beaucoup de parents ou d’institutions qui souhaitent faire appel à un équithérapeute, mais qui craignent parfois d’avoir affaire à un professionnel non qualifié. Il est difficile de répondre définitivement à cette question, toutefois certains signes peuvent vous mettre en confiance ou attirer votre méfiance.

  • s’il vous a été recommandé par un réseau (SFE, FENTAC, FNHC) : c’est en principe un équithérapeute qualifié que vous pouvez consulter en confiance
  • s’il mentionne ses diplômes et références, sur son site, sa plaquette ou lorsque vous lui demandez son parcours : c’est plutôt un point favorable, notamment s’il fait état d’une double qualification (diplôme médico-social + formation/diplôme en équithérapie). Attention toutefois aux thérapeutes qui font un étalage trop manifeste de diplômes, notamment de diplômes rares ou inconnus.
  • s’il répond à vos questions générales dès le premier entretien téléphonique, c’est un signe favorable. En revanche, si lors du premier entretien, il détourne des questions qui semblent embarrassantes, comme celle de ses tarifs ou de ses qualifications, c’est un point négatif.
  • le tarif moyen d’une séance individuelle d’équithérapie en France se situe entre 40 et 60€. Si le tarif qu’il propose est éloigné de cette moyenne, soit particulièrement bas, soit particulièrement élevé, sans que le professionnel ne le justifie, c’est un point de vigilance.
  • l’équithérapeute vous avertira peut-être lors du premier entretien que les séances que vous annulerez tardivement sont dues, totalement ou partiellement : c’est un usage dans certaines formes de thérapie, mais aussi parfois pour des raisons économiques lorsque l’équithérapeute engage sa disponibilité sur plusieurs mois pour vous, et ne peut pas vous « remplacer » en cas d’absence. Cela n’a rien d’anormal.
  • si le professionnel exige un paiement à l’avance, ou un engagement non résiliable : en revanche c’est un point de méfiance.
  • un équithérapeute doit être conscient de ses limites et des limites de ses interventions. Fuyez les professionnels qui annoncent guérir les maladies graves, chroniques ou incurables, ou qui vous promettent des effets qui dépassent vos attentes. Faites confiance aux professionnels qui ne s’engagent pas sur un résultat, qui vous annoncent ne pas être compétents pour prendre en charge certains aspects de votre demande, ou qui vous invitent à consulter un confrère plus spécialisé.
  • ne faites pas confiance aux équithérapeute qui vous demandent d’arrêter d’autres traitements ou d’autres prises en charge. Dans la plupart des cas, l’équithérapie est un soin complémentaire, et les équithérapeutes cherchent plutôt à entrer en contact avec les autres professionnels qui suivent le patient qu’à les exclure.